Nous sommes samedi 22 mai, les événements ont pris fin après avoir fait 85 morts et près de deux milles blessés, notamment à Bangkok. Un article du Point (l’envoyé spécial n’est pas un gros con, c’est cool ) fait l’état des lieux :
Éliminer les montagnes de détritus qui fermentent en plein soleil par plus de 35°, ne devrait être qu’une question de jours à en juger par la noria de camions et d’engins de chantier qui virevoltent entre les arches du métro aérien. Dissimuler les ravages provoqués par les incendiaires qui se sont déchainés après la reddition des chefs de la rébellion sera plus long et couteux. Une grosse trentaine d’établissements ; banques, agences gouvernementales, commerces et, en prime, le plus grand centre commercial du pays qui menace aujourd’hui de s’effondrer. « Contrairement à ce qu’on a pu entendre ici ou là, Bangkok dans son ensemble n’a jamais été la proie des flammes, tempère un témoins de ces heures chaudes. Mais il s’en est fallu de peu. Car les pyromanes se sont éparpillés un peu partout dans la ville et jusqu’en banlieue. S’ils avaient été plus nombreux… » Il est peu probable qu’on les revoie à court terme.
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De rares touristes qui n’ont pas fui et viennent se photographier devant les tas d’immondices et les groupes de soldats pour épater la galerie à leur retour, sur l’air du « j’y étais ».
Tous les articles consacrés à Bangkok le disent, la fin des manifestations des Chemises Rouges ne signifie pas un apaisement social du côté de tous ceux qu’ils sont venus représenter. Ils ont laissé dans la capitale une ambiance brisée, éteinte, mais ils espèrent que le gouvernement a compris le message et agira en leur faveur, notamment en leur accordant des élections anticipées. Là tout de suite, il est difficile de deviner les intentions et les décisions des dirigeants du pays.
Pour l’instant, le séjour d’études à Bangkok est maintenu pour mon ami et moi. Mais les deux autres étudiantes de Sciences Po qui devaient aussi y aller ont préféré abandonner la Thaïlande pour l’Amérique latine, et c’est compréhensible. Sciences Po a contraint les 3A qui étaient sur place à rentrer en France, même si l’une d’entre eux avait assuré que tout allait bien. C’est une décision raisonnable mais je pense que la prudence sur place est suffisante et permet d’être épargné par un accident malheureux. Les Thaïlandais ont l’habitude de lutter à des endroits localisés, et l’action étant « anti-gouvernementale », les touristes/expatriés n’étaient pas visés par les attaques des deux camps et ne l’auraient pas été dans d’autres circonstances. En tout cas, il est amusant de voir que l’incendie du plus grand centre commercial du pays a été causé après des incitations d’un Britannique expatrié qui croit pouvoir s’en laver en mains parce qu’il n’y a pas mis le feu lui-même. Espérons que ça ne se passe pas comme ça.