02
juin
2010
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Bilan de deux années passées à Sciences Po

Merci, M. Richard Descoings, de m’avoir enlevée à cet avenir peu palpitant auquel j’étais toute prédestinée.

J’ai souffert d’avoir été admise à Sciences Po. Beaucoup. Pourtant, ça valait le coup d’avoir traversé ces épreuves. C’est une chance inestimable de se retrouver dans une telle école, pas tant pour son prestige que pour la formation fournie qui nous a permis à nous ex-lycéens de ZEP d’élever notre réflexion au-delà de ce qui aurait été possible sans échelle. Je me moque éperdument de savoir que les conventions d’éducation prioritaire font partie d’une stratégie de communication qui marche à merveille, que ceux qui en ont bénéficié défendraient l’école bec et ongles. Ce qui compte, c’est que pour la plupart d’entre eux, l’initiative est non seulement salutaire, mais surtout pertinente.

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Si je me remémore toute ma scolarité à Sciences Po depuis mon arrivée, j’ai le souvenir de deux années tourmentées sur lesquelles je n’ai pas eu un parfait contrôle. Intégrée sans une proche amie qui s’était également présentée par cette procédure, je n’ai plus eu l’impression que cette admission était une victoire. Contrairement à beaucoup d’autres, je me suis renfermée sur moi-même et n’ai pas su tirer profit des cours enseignés. Moi qui n’avais jamais séché depuis l’école primaire, j’ai rapidement usé mes trois absences autorisées par conférence de méthode. Ma triplette ne m’avait pas rejetée mais je m’étais auto-exclue d’un groupe de personnes dont je ne voyais que la supériorité dans tous les domaines (notes, milieu social, culture, sociabilité, … ).

Au deuième semestre, j’ai découvert que certains camarades de triplette me voyaient comme une fille stupide. Difficile de leur en vouloir, pourtant, au vu de mes notes et de mes interventions orales toujours ratées.

En réalité, le coup de grâce – le vrai – est venu quand on m’a pointée du doigt pour mon désir d’emménager avec mon ami. On imaginait que j’optais pour la facilité, alors que c’était dans un sursaut de survie que je formulais cette nécessité, sans arrière-pensée.

J’étais donc dans une situation privilégiée mais peu enviable : dernière de la classe, loin de mon environnement et de mes amis/ma famille, gênante pour ma tante qui m’hébergeait, méprisée par les gens de ma classe pour mon peu de vivacité d’esprit, instabilité sentimentale, source d’inquiétude pour mes proches, ce fut une sale période, je vous l’assure, mais cette fois, peu de gens me trouvaient des raisons de me plaindre.

La rage d’être si peu encouragée, et le soutien du seul ami qui s’est comporté en tant que tel, m’ont heureusement poussée en Deuxième année, mais par un « passsage conditionnel ». Si la décision de Sciences Po de me laisser une nouvelle chance m’a soulagée, le fait de faire partir de cette petite liste de personnes n’ayant pas eu le nombre de crédits ECTS suffisant m’a confirmé dans l’idée que je méritais peu ma place.

Cette Deuxième année a débuté dans la honte, le remords, le sentiment de médiocrité. J’ai finalement pu m’installer à Paris mais ce n’était pas sans avoir blessé plusieurs personnes. Je suis quelqu’un de faible par nature, et les mauvaises périodes ont tendance à m’affaiblir sérieusement plutôt que de me renforcer. Mes notes ont augmenté mais pour se stabiliser autour de 11. Mes devoirs sont restés décevants. À partir du mois de janvier, n’ayant plus connu d’événements négatifs, j’ai pu percevoir une réelle progression dans ma capacité de compréhension, de gestion du travail, de participation en cours. Certes, c’est très loin d’être parfait et mon efficacité à la tâche est discutable. Mais l’espoir de figurer parmi la liste des admis en Troisième sans devoir repasser les matières où j’ai échouées est de plus en plus tangible.

Aujourd’hui, je me suis rendue compte que ma faible personnalité et des incidents qui font partie de la vie ont considérablement ralenti mon intégration et m’ont empêché de profiter pleinement de tout ce que Sciences Po met à notre disposition, en particulier en ce qui concerne l’apport intellectuel de nos enseignants qui est formidable lorsqu’on sait s’en imprégner. Je suis passée à côté de certaines choses, mais l’important est de s’en rendre compte et de pouvoir y remédier. :) À l’avenir, je ne me poserai plus autant de questions sur ma personne et serai plus disciplinée.

Ecrit par admin dans : Sciences Po |
10
avr
2010
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L’imposture

La méritocratie républicaine m’a chiée et m’a foutue à Sciences Po.
Mais si, je vous assure.

Mon parcours est typiquement celui d’une jeune fille qui n’était pas destinée à atterrir au 27 rue Saint-Guillaume : je suis née en « banlieue » parisienne et ai fait toute ma scolarité, de la maternelle à l’obtention du bac, dans la même commune, une ville de plus de 40 000 habitants où le taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne nationale (le plus élevé du département devant Sarcelles). Que je vous rassure, mon père travaille, sans pour autant avoir le taf le plus envié du pays. Voilà pour le cadre de ma croissance mentale (plus que physique), rien de triste pourtant, n’allez pas croire qu’on était malheureux, ou même pauvres !

J’étais une assez bonne élève, mais pas motivée, pas rigoureuse. En Seconde, j’ai été sélectionnée pour faire partie d’un programme lancé par une grande école de commerce qui aspire à réduire les inégalités des chances. Partant du constat que les enfants de « milieux défavorisés » ne représentaient que 10% des effectifs des filières d’études, cette grande école propose de combler les lacunes de certains d’entre eux en complétant la formation lycéen par un apport en capital social et culturel (voire financier quand c’est possible). Concrètement, le programme organise des séances de tutorat ludiques chaque samedi matin en petit groupe, des sorties culturelles, un encadrement fort dans le choix des études, un soutien moral et des conseils pour tout. Le tout dans une très bonne ambiance propice à la complicité (et à la naissance d’amitiés… lol). On ne trouve pas une seule critique concernant ce beau projet sur la Toile, ni dans les conversations d’ailleurs. Le succès est tel que plusieurs grandes écoles ont recopié l’idée !

En comparaison, les Conventions d’Éducation Prioritaire de Sciences Po, créés en 2001, adoptent une posture bien différente en partant d’un constat similaire, qui est celle-ci : puisque certains élèves sont défavorisés, ouvrons-leur une nouvelle voie d’accès spécifique. Il est drôle de voir les folles réactions suscitées par l’initiative de Richard Descoings qui ne faisait absolument pas l’unanimité. Tantôt on craignait un coup fatal au prestige de l’institution, tantôt on dénonçait la grave atteinte à la méritocratie (laisse-moi rire), au point que la justice a dû trancher, en faveur de Sciences Po. C’est drôle de voir aujourd’hui le mou consensus des actuels étudiants de cette chère école, en contraste avec l’émotion sincèrement indignée de leurs prédecesseurs.

J’ai bénéficié des deux programmes, et je dois avouer que je préfère la technique de Richard Descoings. Au moins, elle a le mérite de fonctionner. L’autre programme a de nombreux atouts, hélas elle n’agit pas suffisamment en profondeur, et à mes yeux c’est en partie parce que les élèves ne sont pas prêts à se donner à fond sans contrepartie concrète : ce n’est pas la même chose de se bouger le cul pour acquérir des outils utiles pour ta formation en enseignement supérieur, et de le faire pour intégrer une des plus prestigieuses écoles de France. Il suffit de jeter un oeil aux affectations des élèves qui en ont fait partie pour se rendre compte que les meilleurs qui se sont retrouvés dans d’excellentes prépas n’apparaissent pas dans le top 5 des Grandes Écoles. Finalement, ceux qui ont le mieux réussi, ce sont ceux parmi eux qui sont rentrés à Sciences Po… par les CEP.

Pourtant, aujourd’hui, je ne me sens pas à ma place. Comment expliquer que des jeunes dans une situation similaire à la mienne ne soient pas à ma place. J’aime beaucoup Sciences Po, l’enseignement est excellent, et pour un ancien lycéen de ZEP se trouver ici c’est forcément être tiré vers le haut. Hélas, je ne profite pas de tout ce que l’école met à la disposition des étudiants (conférences, associations, concours, réseaux, … ). D’autres en auraient peut-être fait meilleur usage.

J’ai frôlé le redoublement. Et si mes notes ont augmenté, je reste quand même parmi les moins bons. Le point positif, c’est que je suis plus intelligente aujourd’hui.

Ecrit par admin dans : Sciences Po |
29
jan
2010
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Première étape : finaliser la liste des voeux d’universités

Avec la réforme LMD, Sciences Po a amenagé sa formation de façon à ce que la 3ème année se déroule obligatoirement à l’étranger.

Trois possibilités s’offrent à vous :
- une année universitaire dans un établissement hors de la France en partenariat avec Sciences Po, durant laquelle vous suivez des cours et passez des examens… c’est aussi le moment de voyager, de s’amuser, de visiter le pays et s’insérer dans une société différente de la vôtre. Mais il faut avoir des notes correctes et être présent aux cours.
- un stage de 8 mois minimum, dans une entreprise étrangère ou dans une ONG ;
- un projet qui vous tient à coeur que vous soumettez à l’école qui jugera de sa pertinence et de sa faisabilité.

Autant dire que la première possibilité est la plus pratique, car la plus encadrée ! Il suffit juste de passer un test d’anglais (oh ?) et de remplir deux-trois trucs sur Internet (ah ?).

Hé oui, étant donné le fait que la majorité des universités (sauf zones ibérique et latino-américaine) enseignent en anglais, elles prennent des étudiants internationaux qui sont capables de suivre leurs cours. Ainsi, elles exigent souvent une note minimale au TOEFL ou à l’IELTS. En deçà de cette note, les étudiants ne peuvent prétendre à certains établissements, souvent très prestigieux. Ne va pas à Berkeley qui le veut !

J’ai eu la note requise (arrondie) pour aller en Thaïlande, malgré mon faible niveau en anglais, héhé !

 Listening  	5.5
 Reading 	7
 Writing 	5.5
 Speaking 	5
 Overall Band 	6

Il s’agit donc, après ce premier écrémage, d’établir la liste des six universités qui nous intéressent en fonction des partenariats disponibles (Sciences Po n’a rien à envier des autres grandes écoles françaises sur ce point là ! Hormis l’ENS, qui peut se vanter de pouvoir envoyer un de ses petits protégés à Harvard ? :p). Il faut également fournir une lettre de motivation. Puis on regardera votre dossier (vos relevés de notes et les appréciations depuis le baccalauréat), ainsi que les arguments qui justifient votre désir d’aller dans telle ou telle université.

Vous ne serez pas surpris de découvrir qu’une majorité d’élèves de Sciences Po Paris (hors campus) sont plutôt intéressés par les pays anglo-saxons : Australie, Royaume-Uni et Irlande, Canada, États-Unis. Heureusement, la liste des affectations de l’an passé nous montre une relative diversité dans les destinations attribuées aux 2A. Selon la newsletter de Sciences Po, on sait que les élèves ont été plutôt raisonnables dans leurs souhaits :)

Sur les 764 élèves (sur 963) ayant demandé un séjour d’études :
* 64% ont eu leur premier choix (61% en 2008) ;
* 87% ont eu l’un de leurs trois premiers choix (83% en 2008).
* Au moment de la commission, 12 élèves n’étaient pas encore affectés, mais 9 ont depuis accepté des propositions d’affectation correspondant à leurs souhaits. Les 3 autres élèves se verront proposer des affectations dans les plus brefs délais.

N’empêche, 13% de ces gens ont dû être fichtrement déçus ! Obtenir que le 4è, le 5è, voire le 6è de nos choix… des vœux parfois un peu « bouche-trous », il faut le dire ! Avoir son troisième choix, c’est pas non plus l’pied si on prend en compte le « réalisme » dont ont dû faire preuve les postulants aux universités demandées.

Pour ma part, j’avais placé Chulalongkorn University en premier, pour suivre mon ami Florent, alors que depuis la Terminale, je rêve d’aller à Thammasat University. Celui qui examine ma liste m’a demandé si je ne m’étais pas trompée dans le classement que j’avais proposé, à cause du plus grand enthousiasme que j’avais montré pour Thammasat. Deux semaines plus tard, la réponse est tombée :

- Florent à Chula

- Moi à Thammasat

Dans le fond, c’est cool. Maintenant, faut juste s’occuper du logement :)

Ecrit par admin dans : Sciences Po |

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